Frédéric Zenouda, ostéopathe DO et directeur de la revue « Le Monde de l’Ostéopathie » a demandé à la directrice des Babilleuses sa contribution pour la rédaction d’un sujet sur le sommeil des femmes enceintes. Je vous mets ici le texte, paru dans le n°4 en octobre 2012http://www.lemondedelosteopathie.fr/Magazine-N-4-SOMMAIRE_a202.html
Sommeil et grossesse
Les femmes enceintes dorment mal. Pourquoi? Quelles incidences? Comment les aider ?
Cet article est écrit par une mère. L’angle d’approche est celui d’une maman, avec des focus de professionnels. L’auteur a créé son entreprise et son produit phare, le coussin de maternité, suite à sa grossesse et aux difficultés vécues du sommeil.
Toutes les mamans interrogées déclarent avoir eu peu ou prou des troubles du sommeil lors de leur grossesse. Certaines très tôt, dus aux nausées du 1er trimestre, à une forme d’angoisse de la maternité, ainsi que la peur d’une fausse couche. D’autres ont eu des troubles avant même de savoir qu’elles étaient enceintes.
Pour la majorité des mères, ces « troubles » sont intervenus vers 6-7 mois. Selon elles, rien de très grave, tout au plus un sommeil haché par les envies fréquentes d’uriner, un bébé qui bouge, la difficulté à trouver une position, ajoutant pour certaines la prise de poids importante, des remontées acides, des crampes, les jambes lourdes et des douleurs du nerf sciatique, ou par des réveils inopinés.
Somato-psychique ou psychosomatique ?
Dans notre société post-freudienne, la notion de cause « psycho somatique » fait partie de notre quotidien. « Je suis angoissée, c’est pour cette raison que j’ai des contractions à 6 mois de grossesse. ». Mais n’oublions pas les causes « somato-psychiques » : J’ai des contractions à 6 mois de grossesse, cela m’angoisse.
Voir les choses sous cet aspect est déculpabilisant. C’est bien connu… la faute vient toujours de la mère… Du moins dans notre inconscient collectif. La future maman n’y échappe pas. Lui expliquer qu’il y a des causes physiologiques D’ABORD ou AUSSI, va lui permettre d’être moins stressée ! Car si elle pense que son état de stress engendre tous les symptômes, elle porte une responsabilisé écrasante. Il est bon de soulager et rassurer les futures mères. Les déculpabiliser, leur donner des explications rationnelles, leur permettra d’appréhender avec confiance en elle leur grossesse, leur accouchement, et leur rôle de mère. Or, une mère qui se fait confiance, est une mère qui se donne les moyens d’aller bien, d’aller mieux, de trouver des solutions pour elle et son enfant. Ce sera une mère autonome.
Il convient toutefois de distinguer 3 choses :
– Les légers troubles du sommeil, qui se résolvent avec des moyens pratiques (voir plus bas)
– Les difficultés liées à un vécu des parents, qui ont besoin d’être soutenus de façon ponctuelle avec des outils de confiance en eux et d’autonomie
– Les difficultés plus profondes pour lesquelles les parents ont besoin d’un accompagnement de professionnel. (sage-femme spécialisée/ suivi psychologique, en libéral ou en PMI)
Incidence sur le bébé et prématurité ?
Selon Martine Desmares, sage-femme au Havre :
« Il est clair qu’un trouble du sommeil est un symptôme, corrélé à l’état psychique. En cette période où l’inconscient est dit à ciel ouvert, des rêves, des cauchemars viennent qui étaient voilés par le refoulement originaire ! Quand l’équilibre psychique était instable avant, il peut y avoir un laissé tomber brutal. Le corps qui tient en temps normal comme contenant, peut « lâcher prise », une faille surgit. La prématurité brutale se réalise tel un passage à l’acte, donnant à voir en direct ce qui était invisible avant.
Exemple : Une jeune fille mineure qui apprend à six mois de grossesse un stade de cancer évolué chez sa mère. Sa maman étant son seul appui, la jeune fille éprouve au plus intense le risque de « laisser tomber » et accouche prématurément. De plus sa propre naissance correspond au départ de son père, et le père de l’enfant est parti. La répétition des épreuves de pertes d’appui va prendre la forme dans la réalité, d’un laisser tomber, occasionnant l’insupportable et l’accouchement brutal.
Par ailleurs tout stress, dont le manque de sommeil peut être symptôme ou origine, génère une sécrétion d’adrénaline qui peut modifier et porter atteinte à la fonction placentaire, suivi parfois d’un blocage par inhibition, et de l’activation de contractions de braxton X, puis un début de travail prématuré.
Comme un malaise dans la rue permet de sortir de la scène du réal, le réveil nocturne permet de sortir d’un rêve insupportable, pour… continuer à dormir, et ne pas penser !
Les contractions comme les insomnies signent parfois un appel : impossible de s’inscrire dans l’idéal de la maternité. Une maternité vécue comme étrangeté ou refusée (inconsciemment toujours). Le corps n’est pas simple contenant, mais porte la marque des désirs et des craintes ; ainsi que de l’histoire familiale.
Peur de ne pouvoir accoucher, c’est la peur de ne pas pouvoir faire …une mère ! Une « mère suffisamment bonne » ne se doit pas obligatoirement d’être trop présente. Cette peur de pas bien faire revient toujours, et empêche aussi au moment de l’accouchement de lâcher prise ! La barre mise trop haute fait éprouver l’incompétence. » nous dit Martine Desmares, sage-femme au Havre.
Troubles du sommeil ou sommeil troublé ?
« Il y a des rythmes nouveaux, ce ne sont pas des troubles du sommeil mais un sommeil troublé au rythme de l’éveil du bébé toutes les deux heures. Cela commence pendant la grossesse aux mouvements des cycles du sommeil du bébé et se poursuit après la naissance. » continue Martine Desmares. « Attention aux mots que nous employons avec la future mère et son conjoint ! Un sommeil troublé par les éveils du bébé à naître n’implique pas la même chose qu’un « trouble » du sommeil dans l’inconscient de la personne concernée qui s’entend dire ces mots ! Lors des réveils la mère peut être tourmentée, le père aussi est préoccupé par cette paternité à venir. Prudence quant la voix des professionnels met en garde sur des « risques de prématurité ». Là ou il faudrait ralentir, les parents entendent « risques » et angoisse de façon démesurée, la peur fixe et fige, portant atteinte à la sécurité psychique du bébé.
Une écoute bienveillante, porteuse d’un « Je vous entends bien et je comprends votre crainte » suffira souvent à faire taire l’angoisse et le risque potentiel qui sont éprouvés intensément. Ceci est valable pour les deux parents, et bien des hommes ont besoin de recevoir cette attention pendant la grossesse pour advenir à la position paternelle.
Pour aller plus loin sur ce sujet : Menace sur la 100T http://« Évaluation du risque de prématurité : l’insécurité langagière en obstétrique » de M. Desmares
Dis-moi à quelle heure tu te réveilles la nuit…
L’insomnie par rapport aux émotions et aux organes, selon l’acupuncture chinoise
Avec la participation de C. Maurel, ostéopathe D.O et praticien en acupuncture
Chaque émotion est nécessaire et bonifie l’organisme concerné, mais il faut bien diagnostiquer les émotions de base chez un patient car elles peuvent évoluer en déséquilibre. Si excessive ou inappropriée, elles peuvent engendrer des troubles à l’organe concerné.
L’utérus quant à lui est le 2ème cerveau : vie sensitive, affective, directement lié avec le cerveau. La future mère qui se réveille peut trouver ici des explications sur les émotions qui agissent sur ses organes, sa physiologie.
– 23h-1h : L ‘INDECISION (vésicule biliaire) Une maman à vésicule biliaire lésée est timide, craintive avec une grande indécision et a du mal à s’affirmer, se décourage à la moindre difficulté.
– 1h-3h : LA COLERE (foie) La colère est une énergie du foie qui monte bien. Quand il va bien, c’est une révolte sans excitation, c’est la non violence par argumentation. Si le foie est chargé, la colère excessive qui dépasse le contrôle de soi devient un motif non légitime manifesté par un esprit dominant. Le foie dynamise le mental, permet de prendre les décisions, fait monter l’énergie mentale, permet de prendre des décisions qui prennent racine à la rate.
– 3h-5h : LA TRISTESSE (poumon) La tristesse éteint le corps, l’affaiblit, la maman se sent en état d’infériorité, résignée, avec une souffrance permanente et une perte de goût. La physiologie de la tristesse peut être la capacité à ne pas être touché.
– 5h-7h : LA COMPASSION (gros intestin) La Tolérance renforce le centre en traitant le pur et l‘impur, la quintessence nourrie l’esprit et le cœur, ouvrant à l’acceptation à toute différence.
– Enfin et sans être exhaustif : LA PEUR (reins), 17h-19h. La peur permet de surpasser des éléments, stimule la volonté et la réaction physiologique. En stimulant les reins elle mobilise les capacités mentales à choisir et à se risquer en éveillant les programmes mentaux. Mais la peur lèse les reins, surtout des enfants, par fixation sur l’objet de la peur.
Aides et remèdes
Répertoriés et testés par les mamans
Professionnels de santé
– Ostéopathie en cas de douleurs ligamentaires, dorsales, pour un ressenti de « bébé trop bas », « bébé qui appuie sur la vessie », « bébé qui n’a pas assez de place »
– Accompagnement (physiologique, émotionnel, psychologique, couple) avec une sage-femme, véritable professionnelle de la grossesse, de la naissance et de la parentalité
– Acupuncture en cas de stress, gestion difficile des émotions et douleurs
– Homéopathie
– Aide médicamenteuse en cas de remontées acides. Consulter son médecin
Petits conseils de bon sens
– Ne pas trop boire le soir
– Pratiquer une activité physique douce en journée
– Se coucher tôt
– Prendre du magnésium si besoin
– Faire des siestes quotidiennes pour récupérer
– Fuir les films ou écrans stressant, ainsi que les disputes
– Prendre un bain tiède avec de l’huile essentielle de camomille
– Boire un verre de lait ou un verre d’eau tiède sucrée avec de l’eau de fleur d’oranger
– Dormir sur le côté avec un coussin de maternité
– Mettre un coussin d’allaitement sous les jambes en dormant sur le dos
– Exprimer ses craintes auprès de personnes compétentes, aptes à expliquer et rassurer (le conjoint inquiet ou la voisine à l’accouchement catastrophique n’étant pas toujours conseillés)
– Faire une préparation à la naissance avec une sage-femme
Le coussin de maternité
Ce coussin est une aide concrète. Il permet de trouver des positions à la fois antalgiques au niveau des lombaires et en cas de sciatiques, de favoriser le retour veineux et prévenir d’éventuelles varices, ainsi que de se relaxer.
En position latérale, le coussin remplis l’espace, souvent inconfortable pour la mère, entre son ventre et le lit.
Épeautre ou microbilles :
Les coussins de maternité sont remplis de microbilles de polystyrène (vérifier la qualité) ou de balle d’épeautre.
Coussin en microbilles:
– Pour des personnes souffrant de maux de dos (1,4kg)
– Pour sa facilité d’entretien (passe intégralement à 60°)
Coussin en épeautre :
– Pour des personnes bougeant peu ou sans problème de dos (4kg)
– Pour son odeur de céréale et ses composants favorisant la relaxation
– Pour les adeptes du bio
Coussin mixte:
– un excellent compromis entre les deux. Les vertus de l’épeautre, avec l’allègement et le gonflement de la microbilles
Quoiqu’il en soit, et si ces troubles passent pour classiques ou inévitables, ils ne sont pas anodins. Veillons à ne pas laisser s’installer ces « petits » tracas, car la qualité du repos de la maman joue un rôle important pour la qualité de la grossesse et de l’accouchement, et en toute logique sur la suite avec le bébé. Il est bien plus difficile pour une maman épuisée de vivre avec son nouveau-né qui va lui demander tant d’amour et d’attention permanente.
Plus les parents sont respectés et accompagnés à leur rythme, moins les symptômes sont présents. L’essentiel de la prévention est de mettre l’accent pour les parents sur le « prendre soin et veiller sur eux. »
Yaelle Zoller, créatrice de www.lesbabilleuses.com et des coussins de maternité du même nom
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